LE CHRIST DE VEBRET A PARIS


Présentation Le Christ de Vebret L'exposition au Palais du Luxembourg

 

LE CHRIST DE VEBRET EST "MONTE" A PARIS

Le mardi 15 septembre 1992, on pouvait voir stationnés devant l'Église, un grand camion de déménagement, les voitures des pompiers avec leurs grandes échelles. Les passants se demandaient à quoi était due cette effervescence. Une opération délicate était en cours, il s'agissait du transport à Paris du CHRIST placé en retable du Maître autel de l'église. Déplacement on ne peut plus délicat compte tenu de ses dimensions (la croix 3,30 m x 2,20 m) et de son poids.
Pourquoi ce déplacement ? Ce Christ, un des plus beaux du Cantal, allait devenir l'un des fleurons de l'exposition : LES MAJESTES DU CANTAL (Images de la Vierge en Haute Auvergne).

LE CHRIST DE VEBRET

Avant de parler de l'exposition elle-même, il est bon de rappeler quelques points de l'histoire de ce qui est maintenant connu sous le vocable "CHRIST DE VEBRET". Le CHRIST, lui-même, est un bois polychrome du XII° siècle, ses proportions importantes (2 m sur 2 m) le font considérer par certains comme trop imposant pour notre église. La grande taille de cette statue est très curieusement celle de l'effigie du suaire de TURIN (d'après l'étude faite par Mme DELMAS Claire, conservateur des Antiquités et Objets d'Art de l'Aveyron). Au moyen-âge, les statues de cette dimension étaient placées de telle façon qu'elles soient vues par tous les fidèles. L'emplacement du Christ dans notre église conserve donc la tradition.

Au cours des siècles, cette statue a subi de nombreuses restaurations et probablement quelques modifications. Il serait long et fastidieux d'en faire l'énumération. Le Christ est fixé sur une croix en bois du XVI° siècle. C'est une croix écotée laissant apparaître les restes des rameaux de la branche qui a été imparfaitement élaguée. Les extrémités de la croix sont ornées de feuilles d'acanthe grossièrement taillées (jadis dorées ?).
Ce type de croix était réalisé après les grandes épidémies et les traces des rameaux étant censées représenter les bubons de la peste. La croix ainsi réalisée devait détourner le danger d'une nouvelle calamité. Ce type de croix qui se rencontre souvent en Bretagne, est excessivement rare en Auvergne.

Les Anciens se souviennent que pendant une certaine période, le Christ n'était pas dans l'église. En 1905 (loi de la séparation de l'Église et de l'État) Monseigneur l'évêque de Saint-Flour, craignant pour les trésors et archives de ses paroisses a confié cette statue à M. de VAUBLANC au château de COUZAN. C'est en 1957 que l'Abbé Chapelle, curé de Vebret, l'a ramené dans l'église paroissiale.



L'EXPOSITION AU MUSÉE DU LUXEMBOURG


L'inauguration a eu lieu le 24 septembre en présence des autorités civiles et religieuses du département. Ma femme et moi-même avons tenu à y assister pour voir si la statue paroissiale avait bien supporté le voyage et si elle était en bonne place. Tout était parfait, le Christ en croix (le seul de l'exposition), bien exposé, paraît protéger les Vierges qui l'entourent et le visiteur ne peut l'ignorer. Les richesses de la statuaire du Cantal sont exposées sans tenir compte de la chronologie, le parti pris est celui de la vie de Marie depuis son enfance jusqu'à son assomption.

Il ne m'est pas possible d'énumérer tous les trésors de cette exposition. Le catalogue comporte la description d'une centaine des oeuvres principales datées du XII° jusqu'au XVIII° siècle. Le Christ de Vebret est parmi les plus anciennes avec les Vierges en Majesté (ce sont des statues représentant la Vierge assise tenant l'enfant Jésus sur ses genoux. Ces statues ont une "raideur majestueuse").

Ce que je peux dire, c'est que cette exposition a remporté un grand succès (de l'ordre de 50 000 entrées) elle a été prolongée jusqu'à la fin novembre et le Christ de VEBRET a réintégré son église dans les premiers jours de décembre.

Cette exposition n’a pas été facile à mettre sur pied car certains curés, certaines municipalités, étaient réticents pour laisser partir leurs oeuvres d'art. Certains, même, disant : les "étrangers" n'ont qu'à venir voir sur place.

Je reste persuadé qu'elle a été une propagande extraordinaire pour le Cantal, et les amateurs d'art (ou tout simplement de belles choses) auront le désir de revoir ces trésors dans leurs lieux d'origine, là où ils prennent toute leur valeur.

Sous un magnifique panorama de l'Auvergne, il était écrit : "Ce qui fait l'intérêt de l'Auvergne, c'est qu'elle est peuplée d'auvergnats" (Alexandre Vialatte). Souhaitons que cette exposition attire beaucoup de non auvergnats dans notre région !

Cette exposition était placée sous le patronage de M. le Président du Sénat et de M. le Ministre d'Etat, Ministre de la Culture, de la Communication et de l'Éducation Nationale. Elle a été réalisée grâce au concours de la Direction du Patrimoine du Ministère de la Culture, du Conseil Régional d'Auvergne, du Conseil Général du Cantal, de l'Association des Amis du Patrimoine de Haute Auvergne et du Crédit Agricole d'Île de France, Crédit Agricole du Cantal, Électricité de France, Fichet-Bauche, Groupama, la Ville d'Aurillac, Volvic. Le commissariat de l'exposition, Mme Brigitte MEZARD conservateur des Objets et Antiquités du Cantal, M. Bruno SAUNIER inspecteur des Monuments Historiques, en ont été les maîtres d’œuvre.


Jean TOURNADRE.(Janvier 1993)

 

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